Les Québécois sont les champions du gaspillage de l’eau !

Les Québécois sont les champions du gaspillage de l’eau !

Tous sont d’accord pour dire que l’eau douce est une précieuse ressource. En effet, à l’échelle mondiale, l’eau salée représente 97 % de toute l’eau qu’on trouve sur la Terre. Il reste donc 3 % d’eau douce, propre à la consommation, pour subvenir aux besoins de 8 milliards d’humains.  De ce petit 3 % d’eau douce, environ 69 % est stockée sous forme de glace ou de neige, 30 % est stockée dans les aquifères et seulement 1 % de l’eau douce se retrouve dans les lacs, rivières et marais.

La répartition de cette ressource est cruellement injuste. Neuf pays possèdent 60 % des ressources renouvelables en eau douce : le Brésil, la Russie, l’Indonésie, la Chine, le Canada, les États-Unis, la Colombie, le Pérou et l’Inde. Près de 50 % de la population mondiale vit actuellement dans des zones où l’eau peut manquer au moins un mois par année.  D’ici 2030, 700 millions de personnes risquent d’être déplacées par la pénurie d’eau. Présentement, 25 % de la population mondiale boit de l’eau insalubre. Dans ce contexte, il devient irresponsable, voire gênant, de gaspiller l’eau douce.

Au Québec, l’eau douce occupe 10 % du territoire.  Nous avons l’envieuse position de détenir 3% des réserves d’eau douce renouvelable de la planète.  Il suffit de regarder une carte du Québec pour voir une quantité phénoménale de lacs, rivières et l’imposant réservoir que constitue le fleuve Saint-Laurent pour se rendre compte que nous sommes les plus choyés de la Terre. Partout où on regarde, nous sommes entourés d’eau douce. Nous avons donc l’impression qu’il n’en manquera jamais et qu’on ne devrait pas se soucier de notre façon de la consommer.

Cette abondance nous rend arrogants et très gaspilleurs avec cette précieuse ressource.  Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation rapporte qu’en 2006, la production d’eau potable au Québec était alors de 795 litres par personne par jour.

Pour mettre ce volume en perspective, il est essentiel de voir ce qui se consomme ailleurs dans le monde. Dans le groupe des plus grands gaspilleurs, on trouve le Canada, les États-Unis, le Japon, l’Australie qui consomment plus de 250 litres par jour par personne.  Plus spécifiquement, il faut savoir que la moyenne canadienne est de 591 litres par jour par personne et que la moyenne ontarienne est de 491 litres. Dans des conditions de vie identiques, nous produisons et distribuons 62% plus d’eau que nos voisins les plus proches.

Plusieurs pays d’Europe en consomment entre 130 et 160 litres par jour par personne ; c’est notamment le cas en France et au Royaume Uni.  Certains pays comme l’Allemagne arrivent à maintenir leur niveau de vie avec moins de 130 litres par jour par personne. Présentement en Asie et en Amérique latine, la consommation se situe entre 50 et 100 litres par personne par jour alors qu’en Afrique Sub-Saharienne, on ne consomme que 10 à 20 litres par jour.  L’Organisation Mondiale de la Santé recommande 50 litres par jour par personne pour vivre décemment et 100 litres par jour par personne pour un réel confort. À la lumière de ces données, nous pouvons affirmer sans aucun doute que la consommation des québécois et québécoises est démesurée et totalement injustifiée. Nous pouvons clairement faire mieux.

C’est pourquoi le Québec s’est doté d’une stratégie d’économie d’eau potable en 2011 visant à réduire de 20 % la consommation d’eau potable à l’horizon 2016.  Les deux principaux facteurs qui contribuent à la distribution élevée sont les pertes d’eau dues aux fuites dans les réseaux et la surconsommation. Depuis le déploiement de la Stratégie d’économie d’eau potable, de nombreux efforts ont été déployé par les municipalités de sorte que l’objectif de réduire la consommation globale de 20 % a été dépassé. Selon le bilan de 2015, notre moyenne serait de 553 litres par personne par jour, une réduction de 26% par rapport aux moyennes de références.  C’est une très belle amélioration principalement obtenue grâce la diminution des fuites dans les réseaux de distribution. Ce qui est désolant, c’est que très peu de progrès a été fait dans la surconsommation.

Malgré les progrès, nous consommons encore plus de 550 litres d’eau par personne par jour, ce qui est 450 litres au-dessus de la recommandation de l’OMS. Il est clairement possible de consommer moins ! Pourquoi d’autres ont réussi à diminuer leur consommation d’eau ? Parce qu’ils paient pour utiliser l’eau comme on paie pour l’électricité ou l’accès à internet. C’est un incitatif à faire un effort.  Moins vous utilisez, moins vous payez. On voit que c’est très efficace. Le Québec ne vit pas de stress hydrique et les municipalités ne commenceront pas à facturer pour votre consommation sous peu, mais la pression de réduire est claire. Le ministère exigera une amélioration additionnelle lors de la publication de la prochaine stratégie d’économie d’eau potable. Les nouveaux objectifs à atteindre devront l’être par chaque municipalité faute de quoi il n’hésitera pas à imposer l’installation de compteurs d’eau au résidentiel. Ce coût sera ajouté à vos taxes municipales. Cette technologie sera un autre pas de plus vers la taxation de l’eau. Pourquoi attendre l’inévitable et ne pas chercher tous les moyens de réduire notre consommation d’eau ?  L’eau a beau être abondante dans notre territoire, elle ne se rend pas à votre domicile sans effort et sans frais, et n’en sort pas sans risques. Les innovations technologiques permettent de diminuer notre consommation d’eau à domicile sans affecter notre confort. Il est temps de poser des gestes concrets.